Ce blog a pour raison d'être de rééquilibrer la problématique de l'affaire de Nantes, et de remettre à l'honneur la présomption d'innocence.
Il s'adresse en particulier à tous ceux et celles qui restent meurtris, et qui ne renoncent pas à comprendre.
En tant que partie civile, nous avons pu constater dans le dossier que les informations qui ont fuité dans les médias provenaient d’une sélection d'éléments à charge, pour une raison que nous ne nous expliquons pas. Alors qu'il existe pourtant quantité d'éléments à décharge dont l'importance est minimisée.
En tant que partie civile, nous avons pu constater dans le dossier que les informations qui ont fuité dans les médias provenaient d’une sélection d'éléments à charge, pour une raison que nous ne nous expliquons pas. Alors qu'il existe pourtant quantité d'éléments à décharge dont l'importance est minimisée.
Pour résumer notre position, voici d'abord un rappel des faits (mis à jour en 2024) :
→ Le 15 avril 2011, le parquet de Nantes ouvrait une enquête pour disparition inquiétante, après avoir été contacté deux jours plus tôt par le voisinage. D'après les premières informations récoltées par la police, les enfants étaient absents des écoles depuis le lundi 4 avril et les volets de la maison étaient restés fermés depuis le dimanche 10 avril. Les absences avaient été justifiées différemment auprès des uns et des autres : dans un premier temps il s'agissait de maladies ou d'autres excuses temporaires, puis des courriers avaient été adressés aux écoles, logeurs et employeurs, expliquant que toute la famille avait dû quitter la France en urgence, à la suite d'une mutation du père de famille en Australie.
→ Le 21 avril 2011, la police judiciaire de Nantes exhumait 5 corps humains et deux chiens, ensevelis soigneusement sous le balcon terrasse du 55 bd Schuman, à Nantes. Quelques jours plus tard, les corps étaient identifiés formellement : selon les analyses comparatives d'ADN, il s'agissait d'Agnès et des quatre enfants, Arthur, Thomas, Anne et Benoît.
→ Le dossier montre que la police judiciaire et le parquet de Nantes se sont rapidement engagés sur une piste criminelle, en raison d'indices inquiétants laissés par le père de famille : entre le 16 et le 20 avril, ils découvrent successivement que Xavier était inscrit dans un stand de tir depuis décembre 2010, qu'il était entré en possession d'une arme 22 long rifle en janvier 2011, et qu'il avait fait récemment de nombreux achats suspects avec sa carte bancaire : des munitions et un silencieux en mars, et début avril, des outils pour creuser, de grands sacs à gravats, du ciment prompt, un diable de manutention, et surtout deux sacs de chaux vive. Le 20 avril 2011, la veille de la découverte des corps, la police scientifique a été dépêchée sur place, et a révélé la présence de sang sur le sol carrelé de la cuisine, sur les ustensiles de nettoyage, seau, balai et serpillère, ainsi que deux minuscules taches de sang sur les parties basses d'une même chaise. En revanche, il n'y avait aucune trace de sang dans les étages, que ce soit dans les chambres ou dans l'escalier.
→ Contrairement à ce qui est parfois affirmé, l'enquête n'a pas pu localiser dans les chambres, ou ailleurs dans la maison, une ou plusieurs scènes de crime de ce qui semble être un quintuple assassinat. Les enquêteurs n'ont pas trouvé trace de violence, ni aucun autre indice permettant de reconstituer le déroulement d'un ou de plusieurs meurtres qui auraient eu lieu dans la maison. La seule supposition qui repose sur des faits ou des éléments concrets, c'est que les corps exhumés seraient préalablement passés par la cuisine avant d'être ensevelis, d'où le nettoyage et peut-être les deux petites traces de sang sur les pieds d'une chaise. Par ailleurs, aucun ADN ni aucune empreinte digitale n'ont pu être relevés sur les outils trouvés sur place (il ne s'agissait pas de ceux achetés par Xavier, qui n'ont jamais été retrouvés) ou sur les emballages des cinq corps retrouvés enterrés. Aucun élément de l'enquête n'apporte la moindre information sur l'identité de celui, ou peut-être de ceux qui ont creusé les fosses et enseveli les corps : selon l'avis même de certains policiers, il est difficile de croire que ce travail considérable ait pu être réalisé par une seule personne.
→ De même, contrairement à ce qui est parfois affirmé, ni l'enquête ni les autopsies n'ont pu déterminer avec précision les dates de décès. La rédaction du rapport final d'enquête reste prudente, la chronologie proposée ne se basant que sur des suppositions et non sur des faits prouvés. Par ailleurs de nombreux éléments relevés dans l'enquête, comme des témoignages précis et datés, mais aussi des communications téléphoniques et des écrits, laissent penser qu'Agnès était présente à Nantes jusqu'au vendredi 8 avril inclus. La concordance des témoignages avec les autres signes de vie d'Agnès est très forte, il parait donc très improbable qu'il ne s'agisse que d'un cumul de coïncidences, et les vérifications des enquêteurs n'ont jamais pu éliminer cette éventualité dérangeante. Si Agnès était bien à Nantes après le 4 avril, que savait-elle ? Et pourquoi ne s'est elle pas rendue à son travail et à ses rendez-vous ?
→ Quelques jours avant la découverte des corps, les enquêteurs avaient été informés, en entendant l'entourage proche, que quelques membres de la famille et amis avaient reçu une lettre de Xavier dans laquelle il expliquait qu'il était un agent informateur pour le compte de la DEA (Drug Enforcement Administration) et que toute la famille changeait d'identité et partait en secret pour les Etats-Unis, dans le cadre d'un programme de protection de témoins. Dans cette même lettre il demandait à ses proches de rendre le matériel médical et de terminer de vider la maison avant la restitution au locataire. Xavier ajoutait qu'il n'était pas nécessaire de s'occuper des gravats entassés sous la terrasse, évoquant ainsi précisément l'emplacement où les corps seront retrouvés par la police une douzaine de jours plus tard.
→ Le 20 avril, grâce aux relevés de banque de Xavier et à ses transactions par carte bancaire, les enquêteurs retracent son itinéraire depuis le départ de Nantes le 10 avril : Xavier est localisé le 11 avril à Blagnac, près de Toulouse, puis le 12 au Pontet, près d'Avignon ; il paie ensuite un péage du réseau autoroutier Escota le 13, et enfin retire le lendemain la somme de 30 euros en espèce à Roquebrune-sur-Argens, dans le Var. Le 21 avril, la gendarmerie locale retrouvera le véhicule de Xavier dans cette ville, garé sur le parking d'un hôtel Formule 1. En visionnant les vidéos des caméras de surveillance de l'hôtel, les enquêteurs constateront que Xavier y a réglé une chambre le soir du 14 avril, et qu'il a quitté à pied l'hôtel, le lendemain dans l'après-midi, emportant avec lui une housse de costume paraissant contenir un objet long que les policiers supposeront être une carabine. L'attitude ostentatoire de Xavier devant les caméras, ainsi que le peu de discrétion dont il a fait preuve au cours de ses déplacements du 10 au 15 avril, ont fait penser à certains enquêteurs qu'il s'agissait là d'une mise en scène destinée à donner le change.
→ Les auditions des deux plus proches amis de Xavier, Emmanuel et Michel, apprendront encore aux enquêteurs que Xavier avait prévenu ses deux amis de ce qui allait arriver, et ce dix mois plus tôt, en juillet 2010. Dans un mail, il évoquait en effet l'éventualité d'une disparition dramatique et intentionnelle de toute la famille, ainsi que sa propre mise en cause à la suite d'une enquête de police. Xavier exprimait alors deux souhaits apparemment contradictoires : d'une part que les deux amis conservent précieusement cet aveu anticipé afin de pouvoir l'authentifier, et d'autre part que jamais ses proches, parents, frère et sœurs, ne puissent croire qu'il soit réellement coupable de ce dont on l'accuserait, "même si les preuves sont formelles".
En résumé, d'une part Xavier savait dix mois à l'avance qu'il serait soupçonné d'avoir fait disparaître sa famille, et d'autre part toutes ses actions faites en amont, inscription à un stand de tir, achats par cartes bancaire d'un silencieux pour sa carabine, de munitions, d'outils pour creuser, de chaux vive, etc... le désigneront immanquablement comme suspect principal aux yeux des enquêteurs. Comme Xavier tenait à ce que ses deux amis puissent authentifier son aveu anticipé, il est difficile de croire que la transparence dont il a fait preuve n'ait pas été intentionnelle : il semble ici évident qu'il a volontairement cherché à passer pour suspect.
Paradoxalement, Xavier écrit à ses proches pour leur expliquer que toute la famille a été exfiltrée, tout en laissant un indice dans ce courrier au sujet de l'endroit où les corps seront retrouvés par la police. De même, il se déplace pendant cinq jours dans le sud de la France, sans prendre de précautions, et se fait même remarquer dans un hôtel de luxe qu'il règle par carte bancaire. Ce déplacement en solitaire est, au moins en apparence, en contradiction totale avec le contenu de son courrier annonçant un départ de toute la famille en urgence et en secret. La découverte des corps sous la terrasse le 21 avril 2011 achèvera de discréditer cette lettre. Pourtant Xavier semble l'avoir prévu : "quand vous lirez ce courrier nous n'existerons plus officiellement", écrit-il... Mais alors pourquoi se donner la peine d'un tel courrier s'il savait à l'avance que la suite des évènements lui enlèverait toute crédibilité ?
Autre paradoxe dans cette affaire, si tout semble accuser Xavier en ce qui concerne la préméditation et la préparation de cette disparition, rien dans le dossier ne permet de lui attribuer de manière formelle la mort et l'ensevelissement des cinq corps. Pour la préparation, les achats de munitions et de matériels, et le trajet vers le sud, Xavier agit en amateur, laissant derrière lui de nombreuses traces, écrites, bancaires ou électroniques, qui permettront aux policiers de remonter le fil jusqu'à lui. Cette transparence, sans doute intentionnelle, tranche fortement avec l'absence de scène de crime dans les chambres, la réalisation parfaite des fosses et de l'ensevelissement des corps, sans aucune trace de terre laissée sur le sol, et l'absence de tout élément de preuve permettant d'identifier l'auteur de ces travaux. Techniquement, mais aussi chronologiquement, comme on va le voir, tout se passe comme si l'ensevelissement et le nettoyage étaient l'œuvre de quelqu'un d'autre que Xavier.
En effet, dans le dossier, aucun élément factuel ne permet de dater la réalisation des fosses et l'ensevelissement des corps antérieurement au départ de Xavier de Nantes le 10 avril. Parmi les proches ou le voisinage, personne n'a vu, entendu ou eu connaissance de travaux en cours dans le jardin. Xavier été vu de nombreuses fois début avril, à l'extérieur du domicile, ainsi qu'à Angers et en Vendée : à aucun moment il n'est apparu sale ou en tenue de travail comme quelqu'un qui creuserait un trou dans la terre, ni même semblant fatigué par un travail manuel. La majeure partie de son emploi du temps peut être reconstitué grâce à ses déplacements, ses communications téléphoniques et ses connections internet, et le temps qui reste ne suffit pas pour la réalisation d'un tel travail, qui n'a laissé aucune trace. De plus, si l'on tient compte des signes de vie d'Agnès entre le 5 et le 8 avril, il devient impossible d'intégrer son décès et son ensevelissement dans la chronologie : comment Xavier aurait-il eu le temps de faire tout cela avant son départ de Nantes le matin du 10 avril, sachant qu'il a passé la journée du 9 entre Angers et la Vendée, à ranger et vider les logements de ses deux fils aînés ? Par ailleurs, plusieurs témoignages et indices relevés dans la maison et sous la terrasse laissent penser d'une part qu'il y a eu une modification significative de l'état des lieux après le 11 avril, au niveau des espaces qui encadrent la porte de la cave, et d'autre part que le sol carrelé de la cuisine a été nettoyé à la serpillère peu de temps avant le 18 avril. La chronologie induite par ces deux indicateurs temporels nécessite que quelqu'un soit venu dans la maison entre le 11 et le 18 avril pour creuser les fosses, ensevelir les corps, et nettoyer le sol de la cuisine. Mais dans ce cas où se trouvaient dissimulés les corps, s'ils n'étaient pas encore ensevelis devant la cave ?
Comment concilier tous ces faits contradictoires ? Si Xavier a été aidé, que ce soit pour l'ensevelissement des corps, pour le nettoyage ultérieur, ou pour sa propre disparition, quelles seraient les raisons qui auraient pu pousser des tierss à lui prêter main forte ? Pourquoi, pour le reste, Xavier semble avoir agi avec l'intention d'attirer les regards et même de paraître clairement suspect ? Pour quelle raison s'est-il attardé dans le sud de la France, après son départ de Nantes, au lieu de disparaître immédiatement ? Quelles étaient ses motivations et son projet ? Comment a-t-il pu conserver un tel sang froid, et afficher cette incroyable sérénité qui a marqué tous ceux qui ont croisé sa route en avril 2011 ?
Si les références à la DEA et au WITSEC dont Xavier fait état dans sa lettre sont sans doute des leurres destinés à entretenir le doute, de nombreux éléments objectifs en faisceau, issus tant du dossier que de recoupements personnels, nous font penser que cette lettre de Xavier est vraie sur le fond : la famille entière a bien été exfiltrée, sous couvert d'un faux drame familial mis en scène, dans lequel Xavier a lui-même joué son rôle. Évidemment cela implique que les autorités aient laissé faire, et même participé à ce jeu de dupes. Invraisemblable en apparence, cette hypothèse est souvent mal comprise et caricaturée par ses détracteurs. Pourtant l'expérience prouve que le vraisemblable n'est pas toujours vrai, et que la réalité dépasse parfois la fiction. L'hypothèse de l'exfiltration est la seule qui permette d'intégrer tous les faits connus de manière logique et cohérente, proposant ainsi une solution satisfaisante à cette énigme intolérable qui perdure depuis des années.
Le fait est que, malgré la découverte des cinq corps par la police le 21 avril 2011, nous n'avons pas de preuve indubitable qu'Agnès et les enfants aient été tués début avril ; d'abord parce qu'il n'y a pas eu de reconnaissance des corps par les proches avant leur crémation, effectuée une semaine seulement après leur découverte, et ensuite en raison des incohérences et contradictions morphologiques que nous avons relevées dans les rapports d'autopsies dès 2011. Treize ans plus tard, en mai 2024, nous avons enfin pu consulter les photos des corps prises par la police les 21 et 22 avril 2011, lors de l'exhumation et des autopsies, et nous avons pu constater de visu que les anomalies morphologiques des rapports d'autopsies n'étaient pas de simples erreurs de mesure ou de rédaction : pas un de ces corps, pas un de ces visages ne peut être reconnu et identifié comme l'un des membres de la famille. Si un proche avait pu les voir ainsi en avril 2011, avant la crémation, il aurait certainement été très troublé, sinon convaincu que ces corps ne pouvaient pas être ceux de la famille.
Pourtant "la science a parlé" nous dit-on : l'ADN prélevé sur les cinq corps exhumés correspond bien à l'ADN retrouvé sur des affaires personnelles de chacun des membres de la famille. Mais il arrive parfois que l'homme fasse dire à la science ce qu'il veut faire entendre, et vu les incohérences déjà relevées dans cette affaire, rien ne nous garantit que les échantillons d'ADN prélevés sur les corps soient bien ceux qui ont ensuite été analysés au laboratoire. Les corps ayant subi une crémation, les contre-expertises sont désormais impossibles. Il ne nous reste plus que cette contradiction très problématique entre l'identification formelle via l'ADN, et ces visages et corps d'inconnus, non identifiés et non identifiables, que l'on peut voir sur les photos mises au dossier.
Chacun en tirera les conclusions qu'il voudra. Pour nous, c'est une évidence, les cinq corps exhumés le 21 avril 2011 n'étaient pas ceux d'Agnès, d'Arthur, de Thomas, d'Anne et de Benoît.
Nous sommes conscients que ces convictions ont de quoi choquer. Mais les éléments factuels sur lesquels elles se fondent n'en sont pas moins réels, et méritent d'être mis en lumière. C'est pourquoi nous avons décidé de mettre par écrit dans un livre la synthèse de nos recherches, de nos souvenirs et de nos convictions (*).
Et nous remercions ceux qui nous apportent leur soutien dans cette action délicate.
Et nous remercions ceux qui nous apportent leur soutien dans cette action délicate.
Mis à jour en décembre 2024